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la pensée de schopenhauer

cause de la représentation complètement différente d’elle, un objet en soi, indépendant du sujet ; notion parfaitement inconcevable, car précisément l’objet, déjà en tant qu’objet, implique toujours le sujet, c’est-à-dire qu’il n’est jamais rien d’autre que sa représentation. Le scepticisme, d’autre part, contrairement au réalisme, mais partant des mêmes prémisses fausses, prétend que la représentation ne nous donne toujours que l’effet et jamais la cause, donc jamais l’être des objets, mais seulement l’effet qu’ils produisent ; que celui-ci pourrait fort bien n’avoir aucune ressemblance avec celui-là ; bien plus, qu’il est peut-être complètement faux d’admettre en principe cet être des objets, puisque la loi de causalité, comme le veut le scepticisme, ne se tire qu’après coup de l’expérience, dont la réalité doit reposer à son tour sur cette loi. — A ces deux partis, réalistes et sceptiques, il convient de faire entendre : d’abord, qu’objet et représentation sont une seule et même chose ; ensuite, que l’être des objets perçus, c’est précisément l’effet qu’ils produisent, que c’est précisément dans cette « effectivité » que consiste la réalité des choses et qu’il y a non-sens et contradiction à réclamer une existence de l’objet hors de la représentation du sujet, aussi bien qu’un « être » des choses réelles différent de leur