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i. de la connaissance

poids à la dépendance où l’ordre de la nature nous place à l’égard de lui. Le monde dont je me sépare quand la mort est venue, n’était pas ailleurs que ma représentation. Ainsi le centre de gravité de l’existence est replacé dans le sujet. Ce qui est démontré, ce n’est pas, comme dans le spiritualisme, l’indépendance de l’être connaissant à l’égard de la matière, mais bien la dépendance de tout ce qui est matière à l’égard de l’être connaissant. Evidemment ceci n’est pas aussi facile à saisir et d’un maniement aussi aisé que le spiritualisme avec ses deux substances ; mais χαλεπα τα ϰαλα. (Tout ce qui est beau est difficile.)


Sur la « réalité » du monde sensible.

La controverse sur la réalité du monde sensible repose sur l’extension abusive qu’on donne à la valeur du principe de raison en l’appliquant au sujet ; avec ce malentendu comme point de départ, les adversaires aux prises n’ont jamais pu arriver à comprendre eux-mêmes la question qu’ils se posaient. D’une part, le dogmatisme réaliste, considérant la représentation comme un effet produit par l’objet, veut séparer ces deux choses, représentation et objet, qui précisément n’en font qu’une, et admettre une