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i. de la connaissance

comme le contenu des concepts est en raison inverse de leur amplitude, en ce sens que, plus il y a de choses pensées sous un concept, moins il y a de choses pensées en lui, il s’en suit que les concepts forment une échelle, une hiérarchie, allant du plus spécial au plus général. Le « réalisme » et le « nominalisme » scolastiques sont ainsi bien près d’avoir raison tous deux, le premier à l’extrémité inférieure, le second à l’extrémité supérieure de l’échelle. Car le concept le plus spécial est déjà presque l’individu, c’est-à-dire qu’il est déjà presque réel ; et le concept le plus général, par exemple « l’être » (l’infinitif de la copule), n’est déjà presque rien qu’un mot. Aussi les systèmes philosophiques qui se meuvent uniquement dans ces concepts très généraux, sans redescendre jusqu’au réel, confinent-ils au pur verbiage. Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à lire les ouvrages de l’école de Schelling, ou encore mieux, ceux des Hégéliens.


Du langage.

L’animal ressent et perçoit ; l’homme, par surcroît, pense et sait ; tous deux veulent. L’animal fait part de ses sensations et de ses dispositions par des mouvements et par des sons ; l’homme communique