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i. de la connaissance

met une connaissance abstraite complète ; par exemple, le concept des relations d’espace, ou de l’action des corps inorganiques les uns sur les autres, ou de la constitution des plantes, ou de celles des animaux, ou des transformations successives de la surface du globe terrestre, ou de l’évolution de l’espèce humaine, ou de la structure d’une langue, etc. Si la science voulait atteindre à la connaissance de son objet en étudiant isolément chacune des choses qui sont comprises sous son concept, pour arriver ainsi peu à peu à la connaissance du tout, d’abord aucune mémoire humaine n’y suffirait, ensuite rien ne garantirait jamais que cette enquête fût complète. Aussi la science utilise-t-elle cette propriété — dont nous avons parlé ailleurs — qu’ont les sphères de concept de s’inclure les unes les autres. Elle s’attache d’abord aux sphères les plus vastes qu’enferme le concept général de son objet ; une fois qu’elle a déterminé leurs rapports mutuels, tout ce qui est pensé d’une façon générale dans ces sphères se trouve par là-même et du même coup déterminé ; après quoi, en y distinguant des sphères de concept toujours plus étroites, on peut déterminer ce contenu toujours plus exactement. C’est ainsi qu’il devient possible à une science d’embrasser complètement son