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critique de la philosophie kantienne

se ramener à d’autres lois plus générales. Ainsi on n’arrivera jamais à expliquer avec les lois du mécanisme proprement dit la solution d’un sel dans l’eau ; que serait-ce si l’on avait affaire à des phénomènes plus compliqués de la chimie ? Dans le second livre du présent ouvrage, j’ai donné sur tous ces points d’amples explications. Des éclaircissements de ce genre eussent été, je crois, d’une grande utilité dans la critique du jugement téléologique, et en auraient fait mieux comprendre l’esprit. Ils auraient mis surtout en lumière cette idée de Kant, qu’avec une connaissance plus approfondie de l’Être en soi, dont les objets de la nature ne sont que les manifestations, aussi bien dans ses effets purement mécaniques que dans ceux qui visiblement sont soumis à une fin, — on trouverait un seul et même principe, capable de servir d’explication générale à l’un et à l’autre ordre de phénomènes. Ce principe, je crois l’avoir déterminé, en représentant la Volonté comme la seule chose en soi. C’est peut-être dans mon second livre et dans son supplément, mais surtout dans mon écrit sur la Volonté dans la nature, que j’ai saisi de la façon la plus nette et la plus profonde l’essence même de la finalité apparente et de l’harmonie du monde : je n’en dirai donc pas davantage ici.

Le lecteur qui s’intéresse à cette critique de la philosophie de Kant ne devra pas négliger de lire dans la seconde dissertation du premier volume de mes Parerga, le complément intitulé : Encore quelques éclaircissements sur la philosophie de Kant. Il faut bien considérer, en effet, que mes écrits, si peu nombreux, n’ont pas tous été composés à la fois, mais successivement, au cours d’une longue vie, et à des intervalles éloignés ; par conséquent, on ne doit pas s’attendre à trouver condensé en un seul endroit tout ce que j’ai pu dire sur un même sujet.