Page:Schopenhauer - Le Monde comme volonté et comme représentation, Burdeau, tome 3, 1909.djvu/433

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nec recipiunt in suum numerum conjugio utentem, sive marem, sive fœminam. Non vescuntur carnibus, easque abominantur. » (De hœresi ad quod vult Deum, hær. XXV.) Mais les pires orthodoxes considèrent aussi le mariage à la lumière des principes signalés plus haut et prêchent ardemment l’entière chasteté, αγνεια. Saint Athanase donne comme raison du mariage : Οτι υποπιπτοντες εσμεν τη του προπατορος καταδικη… επειδη ο προηγουμενος σκοπος του Θεου ην, το μη δια γαμου γενεσθαι ημας και φθορας η δε παραϐασις της εντολης τον γαμον εισηγαγεν δια το ανομησαι τον Αδαυ. [Quia subjacemus condemnationi propagatoris nostri ; ...... nam finis, a deo prœlatus, erat nos non per nuptias et corruptionem fieri : sed transgression mandati nuptias introduxit, propter legis violationem Adæ.] (Exposit. in psalm., 50.) Tertullien appelle le mariage : « genus mari inferioris, ex indulgentia ortum » (De pudicitia, c. xvi), et dit : « Matrimonium et stuprum est commixio carnis ; scilicet cujus concupiscentiam Dominus stupro adæquavit. Ergo, inquis, jam et primas, id est unas nuptias destruit ? Nec immerito : quoniam et ipsæ ex eo constant, quod est stuprum. » (De exhort. castit., c. ix.) Saint Augustin lui-même professe entièrement cette doctrine, et admet toutes les conséquences qu’elle comporte, en disant : « Novi quosdam, qui murmurent : quid, si, inquiunt, omnes velint ab omni concubitu abstinere, unde subsistet genus humanum ? — Utinam omnes hoc vellent ! dumtaxat in caritate, de corde puro, et conscientia bona, et fide non ficta multo citius Dei civitas compleretur, ut acceleraretur terminus mundi. » (De bono conjugali, c. X.) — Et encore : « Non vos ab hoc studio, quo multos ad imitandum vos excitatis, frangat querela sanorum, qui dicunt : quomodo subsistet genus humanum, si omnes fuerint continentes ? Quasi propter aliud retardetur hoc sæculum, nisi ut impleatur prædestinatus numerus ille sanctorum, quo citius impleto, profecti nec terminus sæculi differetur. » (De bono viduitatis, c. xxiii.) On voit en même temps qu’il identifie le salut avec la fin du monde. — Les autres passages des œuvres de saint Augustin relatifs à ce sujet se trouvent rassemblés dans la Confessio Augustiniana e S. Augustini operibus compilata a Hieronymo Torrense, 1610, sous les rubriques De matrimonio, De cœlibatu, etc. ; on se convaincra en les lisant que pour le vieux, le vrai christianisme, le mariage était une pure concession, faite de plus en vue de la seule procréation des enfants, et qu’au contraire la continence absolue était la vraie vertu, de beaucoup préférable au mariage. Mais à ceux qui ne veulent pas remonter aux sources, je recommande, pour lever leurs moindres doutes sur cette tendance du christianisme ici en question, deux écrits de Carové, « sur la loi de célibat » (Ueber das Cölibatgesetz, 1832)