Page:Schopenhauer - Le Monde comme volonté et comme représentation, Burdeau, tome 3, 1909.djvu/434

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et de Lind, De cœlibatu christianorum per tria priora sæcula (Havniæ, 1839). Ce n’est pourtant en aucune façon aux opinions propres de ces auteurs que je renvoie le lecteur, car elles sont opposées aux miennes, mais c’est seulement aux comptes rendus et aux passages réunis par eux avec soin, et d’autant moins suspects, d’autant plus dignes de confiance, que les deux écrivains sont des adversaires du célibat, le premier catholique rationaliste, le second candidat protestant, et parlant en cette seule qualité. Dans le premier ouvrage nous trouvons, vol. I, page 166, énoncé à cet égard le résultat suivant : « Conformément aux vues de l’Église, et comme on peut le lire dans les Pères canoniques, dans les instructions des synodes et des papes et dans d’innombrables écrits de catholiques orthodoxes, la chasteté absolue est nommée vertu divine, céleste, angélique, et l’obtention de l’assistance divine, de la grâce qui la confère est subordonnée à la ferveur avec laquelle on l’implore. » — Cette doctrine augustinienne se trouve énoncée chez Canisius et dans les Actes du concile de Trente à titre de dogme ecclésiastique toujours aussi valable : nous l’avons montré. Pour nous persuader qu’elle a gardé jusqu’à ce jour la même valeur, il suffit du témoignage du journal le Catholique de juin 1831 ; il y est dit, page 263 : « Dans le catholicisme, l’observation d’une chasteté éternelle, pratiquée pour plaire à Dieu, apparaît en soi comme le plus haut mérite de l’homme. L’opinion que l’observation de cette chasteté éternelle en tant que fin absolue sanctifie et élève l’homme, a des racines profondes et dans l’esprit et dans la lettre expresse du christianisme : c’est la conviction de tout catholique instruit, et la décision du concile de Trente a coupé court à tous les doutes possibles sur ce point. » Tout homme non prévenu doit sans hésitation reconnaître que non seulement la doctrine émise par le Catholique est catholique en effet, mais encore que les preuves apportées à l’appui doivent être absolument irréfutables pour une raison catholique, puisées toutes qu’elles sont scrupuleusement dans les vues fondamentales de l’Église sur la vie et sa destination. — Plus loin, à la page 270, il y est dit encore : « Quand bien même saint Paul traite de prescription erronée l’interdiction du mariage, et quand bien même l’auteur, plus juif encore, de l’Épître aux Hébreux recommande « de tenir partout le mariage en honneur et de ne pas souiller la couche nuptiale » (Hebr. xiii, 4), la tendance capitale de ces deux hagiographes n’en est pas moins évidente. Pour tous les deux la virginité était l’état suprême ; le mariage n’était qu’un pis-aller pour les plus faibles, et c’est à ce seul titre qu’il fallait le maintenir respecté. Leurs plus hautes aspirations étaient dirigées vers le renoncement absolu et matériel. Le moi doit se