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MÉMOIRES SUR LES SCIENCES OCCULTES

de la vie individuelle elle-même soit, par les événements qui sont le jeu souvent si capricieux du hasard aveugle, conduit comme d’une manière conforme à un plan et de la façon qui semble convenir le mieux pour le véritable et dernier bien de la personne. Ceci admis, rien n’empêche de considérer le dogme de la providence comme tout à fait propre à l’homme, comme vrai, mais non pas d’une vérité immédiate et sensu proprio : ce serait l’expression médiate allégorique et mythique d’une vérité, et — comme tous les mythes religieux — suffisante pour le but pratique et pour la tranquillité de l’individu ; — dans le même sens, par exemple, que la théologie morale de Kant, dans laquelle il ne faut voir, elle aussi, qu’un schème destiné à servir d’orientation, donc une allégorie. En un mot ce ne serait pas la vérité, mais ce serait tout comme. Dans ces forces premières de la nature, obscures et aveugles, dont le jeu et les réactions mutuelles donnent naissance au système planétaire, c’est déjà la volonté de vivre, — qui plus tard se manifeste dans les phénomènes les plus complexes de la vie, — qui est ce qui agit à l’intérieur, qui est le principe directeur, et c’est elle qui déjà là, utilisant les rigoureuses lois de la nature pour