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LE DESTIN DE L’INDIVIDU

le fait des présages, dont la croyance est si générale et si profondément ancrée qu’il n’est pas rare qu’elle ait trouvé sa place dans les têtes les plus fortes. Rien en effet, n’est absolument hasard, ou plutôt tout arrive nécessairement ; et, certes, la simultanéité même de ce entre quoi n’existe pas de rapports de causalité, cette simultanéité qu’on nomme le hasard, est une simultanéité nécessaire puisque ce qui se produit au même moment était déjà comme tel déterminé par ses causes, dans le passé le plus lointain. Ainsi tout se reflète dans tout ; toute chose a dans toute chose son écho ; et à l’ensemble des choses peut s’appliquer cette sentence bien connue d’Hippocrate de alimento (opp. ed. Kühn, t. II, p. 20), relative au concours, à la collaboration de toutes les parties de l’organisme : ζυρροια μια, συμπνοια μια, συμπαθεα παντα. — Le penchant, toujours renaissant de l’homme à croire aux présages, ses extispicia et ses όρνιθοσκοπια, sa pratique d’ouvrir la Bible au hasard pour en faire un oracle, d’abattre les cartes, de faire couler du plomb, de consulter le marc de café et tant d’autres choses, tout cela témoigne de sa croyance, qui défie toutes raisons, qu’il est possible de quelque façon de connaître par ce qui est présent et qu’il a sous les yeux ce