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LE DESTIN DE L’INDIVIDU

circonstances extérieures, indépendantes de nous, souvent même redoutées de nous, purement accidentelles ; et cependant là entre elles il y a une liaison secrète et voulue. Un pouvoir caché, auquel tout, ce qui se produit au hasard dans le rêve, obéit, dirige aussi et combine ces circonstances et, à la vérité, uniquement par rapport à nous. Mais, ici, ce qu’il y a de plus étrange, c’est que, finalement, ce pouvoir ne peut pas être autre que notre propre volonté, mais notre volonté envisagée d’un point de vue qui n’est pas celui de l’activité consciente qu’elle déploie dans le rêve. C’est ce qui fait que les événements de notre rêve, si souvent, se produisent tout à fait contre notre volonté la plus claire à ce moment, excitant en nous l’étonnement, le dégoût, la peur même, la crainte de la mort, sans que le destin, que nous conduisons cependant secrètement nous mêmes, vienne à notre secours ; — c’est ce qui fait encore que nous posons avidement une question pour recevoir une réponse qui nous étonne, ou encore que nous nous voyons interrogés comme dans un examen et que nous sommes incapables de trouver la réponse, qu’à l’instant même un autre, à notre honte, donne sans hésiter ; et cependant, dans un cas comme