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Page:Schopenhauer - Mémoires sur les sciences occultes.djvu/136

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LE DESTIN DE L’INDIVIDU

d’être dit, nous représenter, d’une manière générale, comme tout à fait possible que, de même que chacun est l’impresario secret de ses rêves, de même ce destin, qui domine le cours de notre vie réelle vient aussi en quelque façon de cette volonté, qui est la nôtre propre, mais qui cependant ici, quand elle se présente comme destin, exerce son action d’une région située bien au delà de notre conscience représentative individuelle, laquelle ne fait que fournir les motifs qui dirigent notre volonté empirique, connaissable, notre volonté comme individu, cette volonté, qui conséquemment doit livrer les plus vifs combats à cette autre volonté nôtre qui se présente comme le destin, cette volonté qui est notre génie : « Qui habite et a son siège dans les étoiles supérieures, » embrassant de loin le contenu de la conscience individuelle et par suite implacable à son égard ; qui dispose et fixe, à titre de contrainte extérieure, ce qu’il ne doit pas laisser à notre volonté empirique le soin de trouver et qu’il veut cependant qu’elle sache sans faute.

Pour atténuer ce qu’il y a d’étonnant, ou même d’exorbitant dans cette proposition osée, on peut se servir tout d’abord d’un passage de Scot Érigène, à l’occasion duquel il