Page:Schopenhauer - Mémoires sur les sciences occultes.djvu/137

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
102
MÉMOIRES SUR LES SCIENCES OCCULTES

faut se souvenir que son Dieu, auquel la connaissance est étrangère, dont on ne saurait affirmer, à titre d’attribut, ni l’espace ni le temps, ni les dix catégories d’Aristote, — auquel reste d’une manière générale un seul attribut, la volonté ; — il faut se souvenir que ce Dieu n’est manifestement rien d’autre que ce qui chez nous est la volonté de vivre : « Est etiam alia species ignorantiæ in Deo, quando ea, quae præscivit et praedestinavit, ignorare dicitur, dum adhuc in rerum factarum cursibus experimento non apparuerint (De divis. nat. p.  83 édit. Oxford). » Et bientôt après : « Tertia species divinæ ignorantiæ est per quam Deus dicitur ignorare ea, quæ nondum experimento actionis et operationis in effectibus manifeste apparent : quorum tam invisibiles rationes in seipso, a seipso creatas et sibi ipsi cognitas possidet. »

Quand maintenant, pour faire comprendre de quelque façon l’opinion ici exposée, nous avons recours à la ressemblance bien connue de la vie avec le rêve, il faut cependant marquer la différence que dans le simple rêve les rapports sont ce qu’il y a de plus simple : il n’y a qu’un moi qui veuille et sente réellement ; les autres mois ne sont que des fantômes. Dans le grand rêve de la vie,