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MÉMOIRES SUR LES SCIENCES OCCULTES

côté présage ; et de même son côté présage n’exclut pas son côté naturel et nécessaire. Ceux-là se trompent complètement qui prétendent rejeter le côté présage d’un événement par la raison qu’il est inévitable : ils le démontrent en en indiquant très nettement les causes naturelles et nécessaires, au nom de la physique, avec des mines savantes, si c’est un phénomène de la nature. De cela aucun homme sensé ne doute ; personne ne veut donner un présage pour un miracle : mais c’est justement parce que la chaîne sans fin des causes et des effets, avec l’inflexible nécessité qui lui est propre et sa prédestination éternelle, a rendu inévitable l’apparition de ce phénomène à ce moment important du temps, c’est justement pour cela que ce phénomène prend ce caractère de présage. C’est à ces malins qu’il faut surtout rappeler principalement quand ils sont physiciens, que « there are more things in heaven and earth than are dreamt of in your philosophy » (Hamlet, act. I, sc. 5). D’autre part en même temps, avec la croyance aux présages, nous voyons la porte s’ouvrir de nouveau à l’Astrologie : le fait le plus insignifiant servant de présage, le vol d’un oiseau, la rencontre de quelqu’un ou toute autre chose semblable, se trouve conditionné