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LE DESTIN DE L’INDIVIDU

par une série de causes qui est aussi sans fin et qui se déroule avec la même nécessité que celle qui rend compte de l’état précis des étoiles à un moment donné. Seulement la constellation est placée si haut que la moitié des habitants de la terre la voient en même temps ; le présage, au contraire, n’est visible que dans le cercle de l’individu qu’il touche. Veut-on, au rester se représenter d’une manière sensible, par une comparaison, la possibilité des présages ? Celui qui, au moment d’accomplir un acte important de sa vie, dont les conséquences sont encore cachées dans le sein du temps, voit un bon ou mauvais présage, qui le met en défiance ou le confirme dans son dessein, peut se comparer à une corde tendue qui, quand on la frappe, ne s’entend pas elle-même, et qui cependant percevrait la corde étrangère qui résonne en conséquence de sa propre vibration.

Grâce à Kant, qui a distingué la chose en soi de son phénomène, et grâce à moi-même qui ai ramené la première à la volonté et le dernier à la représentation, on peut aujourd’hui entrevoir, il est vrai imparfaitement et de loin, la possibilité de concilier trois contradictions.

Ces trois contradictions sont :