Page:Schopenhauer - Mémoires sur les sciences occultes.djvu/160

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
125
ESSAI SUR L’APPARITION DES ESPRITS

de mon principal ouvrage) par une pensée antérieure, sans quoi elle ne pourrait pas se produire. Ce principe de raison, qui n’est autre que le principe absolu de la dépendance et de la conditionnabilité de tout ce qui existe pour nous, doit aussi régir d’une certaine façon les rêves, la façon dont ils se produisent ; mais de quelle façon ce principe les régit, c’est ce qu’il est très difficile de dire. Car la caractéristique du rêve est la condition, qui lui est essentielle, du sommeil, c’est-à-dire la cessation de l’activité normale du cerveau et des sens. Ce n’est que quand cette activité vaque que se produit le rêve : précisément tout comme les images de la lanterne magique n’apparaissent que lorsqu’on a fait l’obscurité dans la chambre. D’après cela la naissance du rêve, donc sa matière, n’est pas amenée par les impressions de l’extérieur sur les sens : quelques cas où, dans un léger assoupissement, les voix extérieures, de simples bruits pénètrent encore dans le sensorium et exercent leur influence sur le rêve, ces cas, dis-je, sont des exceptions spéciales dont je fais abstraction ici. Maintenant il est très digne de remarque que les rêves ne sont pas amenés par l’association des idées. Ils naissent soit au milieu d’un pro-