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ESSAI SUR L’APPARITION DES ESPRITS

Burdach dans le t. III de sa Physiologie) ceci de distinctif qu’elles n’ont rien de cohérent, et que même la plupart du temps nous n’intervenons pas nous-mêmes comme, acteurs, comme dans les autres rêves. Elles forment un spectacle purement objectif consistant en images isolées, qui surgissent soudain au moment où nous nous endormons, ou encore ce sont des événements tout simples. Comme nous nous réveillons souvent aussitôt là-dessus, nous pouvons tout à fait nous convaincre qu’ils n’ont jamais la moindre ressemblance, pas la plus lointaine analogie ou le moindre rapport avec les pensées qui nous étaient à l’instant même auparavant présentes à l’esprit. Ils nous surprennent plutôt par le caractère inattendu de leur contenu qui est aussi étranger à notre cours de pensée antérieure qu’aucun objet du monde réel qui, à l’état de veille, peut de la manière la plus accidentelle faire soudainement irruption dans notre perception ; qui souvent est tiré de si loin, est si étonnamment et si aveuglément choisi qu’on dirait le jeu du sort ou un coup de dé ! — Le fil donc, que le principe de causalité nous met dans la main, nous paraît ici coupé aux deux bouts, à l’intérieur et