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ESSAI SUR L’APPARITION DES ESPRITS

sentences de l’oracle de Delphes avaient pour base des rêves fatidiques artificiellement provoqués ; et que ces rêves parfois pussent aller jusqu’à la plus extrême clairvoyance, suivie d’une déclaration directe et sensu proprio, c’est ce que témoigne l’histoire de Crésus (Hérodote I, 47, 48), qui mit la Pythie à l’épreuve en enjoignant à ses envoyés de lui demander ce qu’il faisait le centième jour après qu’ils l’avaient quitté en Lydie. La Pythie leur dit exactement ce que nul autre que le roi ne savait ; que de sa propre main il faisait cuire dans une chaudière d’airain, avec un couvercle d’airain, de la chair de tortue et de la chair d’agneau mêlées ensemble. — La source que nous attribuons ici aux sentences des oracles de la Pythie correspond bien à ce fait qu’on la consulte au point de vue médicinal, pour lésions corporelles. Voir un exemple de cela dans Hérodote IV, 155.

En conséquence de ce que nous venons de dire, les rêves fatidiques théorématiques sont le plus haut et le plus rare degré de la prévoyance dans le sommeil naturel ; les rêves fatidiques allégoriques en sont le second degré, le plus faible. À ces derniers se rattache maintenant encore, comme la der-