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ESSAI SUR L’APPARITION DES ESPRITS

le faire sauter. Beaucoup de personnes ont été sauvées pour avoir cédé au sentiment de peur qui s’est ainsi emparé d’elles au dernier moment, à l’angoisse intérieure qui les a prises. La seule explication de cela, c’est que du rêve théorématique, tout oublié qu’il est, il est resté cependant une faible connaissance, un souvenir obscur qui ne peut pas, à la vérité, venir clairement à la conscience, mais dont la trace est rafraîchie par la vue même des choses, la vue réelle des choses, qui, dans le rêve oublié, avaient agi si malheureusement sur nous. C’est de cette sorte qu’était le démon de Socrate, cette voix intérieure qui l’avertissait ; qui, quand il était décidé à entreprendre quelque chose de funeste, l’en détournait, n’intervenant toutefois toujours que pour le détourner, jamais pour l’inciter à faire. Nous ne pouvons trouver une confirmation immédiate de cette théorie des pressentiments que dans le somnambulisme magnétique, par qui nous sont divulgués les mystères du sommeil. Une confirmation de cette sorte nous est donnée dans l’histoire connue de Auguste Müller de Karlsruhe, p. 78. « Le 15 décembre la somnambule eut connaissance, la nuit, dans son sommeil (un sommeil magnétique), d’un accident désagréable qui