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ESSAI SUR L’APPARITION DES ESPRITS

qui même réduit le système cérébral à un tel degré d’impuissance que ni les impressions des sens, ni les lésions qui peuvent leur survenir ne sont senties. C’est pour cela qu’on peut au mieux utiliser ce sommeil pour les opérations chirurgicales : une fonction dont le chloroforme l’a cependant dépouillé. Pour ce qui est de la clairvoyance, dont le prélude est le somnambulisme ou le sommeil où l’on parle, la nature ne permet qu’on y arrive que lorsque il ne suffit pas, pour écarter la maladie, que sa force médicatrice agisse aveuglément et que cette force a besoin de trouver au dehors des moyens auxiliaires, qui sont indiqués par le patient lui-même, dans l’état de clairvoyance, avec la plus grande justesse. C’est dans ce but de permettre au patient d’être son propre médecin que la nature provoque l’état de clairvoyance : car natura nihil facit frustra. La façon dont elle procède ici est tout à fait analogue à celle qu’elle a suivie en grand, lors de la première apparition des êtres, lorsqu’elle a fait le pas décisif pour passer du règne végétal au règne animal. Pour les plantes il avait encore suffi du mouvement sur simple excitation. Mais à ce moment des besoins plus spéciaux et plus compliqués,