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MÉMOIRES SUR LES SCIENCES OCCULTES

nous des formes qui ressemblent tellement à celles qui viennent par les sens dans le cerveau que nous nous y trompons, que nous les confondons avec ces dernières, que nous les prenons les unes pour les autres, jusqu’à ce qu’il apparaisse que ce ne sont pas des anneaux de cette chaîne qui relie toutes choses dans la réalité expérimentale ; qu’elles ne figurent pas dans ce système de causes et d’effets, qu’on comprend sous le nom de monde des corps : ce qui se produit ou bien aussitôt par l’effet de leur nature ou bien, au contraire, seulement plus tard. À une forme se présentant ainsi, s’appliquera, selon qu’elle a en telle ou telle chose sa cause la plus lointaine, le nom d’hallucination, de vision, de seconde vue ou d’apparition d’esprit. Sa cause la plus immédiate doit toujours forcément être dans l’intérieur de l’organisme, puisque, comme il a été dit, c’est une action partant de l’intérieur, qui provoque le cerveau à voir et qui, le pénétrant, s’étend jusqu’aux nerfs sensitifs, par lesquels ensuite les formes ainsi produites prennent la couleur, l’éclat, même le ton et la voix de la réalité. Parfois cependant, la chose s’arrête à mi-chemin ; les formes en question ne sont que faiblement colorées ; elles restent pâles, grises, presque transpa-