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Page:Schopenhauer - Mémoires sur les sciences occultes.djvu/250

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ESSAI SUR L’APPARITION DES ESPRITS

rentes ou même, quand elles sont pour affecter l’oreille, la voix reste voilée, sourde, légère, enrouée ou stridente. Si le voyant concentre trop son attention sur elles, elles s’évanouissent d’ordinaire, parce que les sens, se tournant alors avec force pour percevoir l’impression extérieure, ne perçoit effectivement que celle qui, comme étant la plus forte et allant dans la direction opposée, maîtrise et repousse toute activité cérébrale venant de l’intérieur. Justement pour éviter cette collision, il arrive que, dans les visions, l’œil intérieur projette des formes, autant que possible, là où l’œil extérieur ne perçoit rien, dans un coin obscur, derrière des rideaux, devenus tout à fait transparents, et généralement dans l’obscurité de la nuit, devenue le temps de l’apparition des esprits, par cette simple raison que l’obscurité, le silence et la solitude, supprimant les impressions extérieures, laissent libre jeu à toute activité du cerveau venant de l’intérieur. À ce point de vue on peut comparer le fait au phénomène de la phosphorescence qui ne se produit que dans l’obscurité. Avec une société bruyante et la lumière de plusieurs bougies, le milieu de la huit, n’est plus le moment de l’apparition des esprits. C’est seulement le milieu de la nuit