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ESSAI SUR L’APPARITION DES ESPRITS

d’après cela, pourquoi ceux qui ont eu des visions de cette sorte, n’en sont jamais morts de peur ; tandis que, au contraire, de fausses apparitions d’esprits, artificiellement préparées ont eu parfois cet effet. Et même, d’ordinaire, les visions véritables ne provoquent pas de crainte ; ce n’est qu’après, à la réflexion, qu’il s’y mêle une certaine horreur : la raison peut en être que ces formes, tant qu’elles se produisent, sont tenues pour des hommes en chair et en os et que ce n’est qu’après qu’on se rend compte qu’il ne se peut pas que ce soit cela. Cependant je crois que l’absence de frayeur, qui est la marque caractéristique des visions véritables vient surtout de la raison ci-dessus indiquée que, quoique éveillé, on est cependant comme entouré d’un léger voile de conscience de rêve ; qu’on se trouve donc dans un élément auquel la peur des apparitions incorporelles est essentiellement étrangère ; justement parce que, dans cet élément, l’objectif n’est pas aussi nettement distingué du subjectif que quand il s’agit de l’action sur nous du monde corporel. Ceci trouve sa confirmation dans la libre manière dont la voyante de Prévorst parle de son commerce avec les esprits : par ex. t. II, p. 120 (1re édit.). Elle fait tranquillement attendre un