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MÉMOIRES SUR LES SCIENCES OCCULTES

obscure, silencieuse, qui est cela, parce que déjà instinctivement nous redoutons alors la venue des apparitions qui se présentent comme quelque chose de tout à fait extérieur, quoique leur cause la plus immédiate se trouve en nous ; et nous nous craignons alors proprement nous-mêmes. C’est pourquoi celui qui craint la venue de telles apparitions s’adjoint une société.

Quoique, maintenant, l’expérience enseigne que les apparitions de toutes sortes, dont il s’agit ici, aient, du reste, lieu à l’état de veille, ce par quoi elles se distinguent des rêves, je doute cependant encore que cet état de veille, où elles se produisent, soit un état de veille complet, au sens le plus fort du mot. Le partage, forcé ici, du pouvoir de représentation du cerveau, paraît comporter que, si l’organe du rêve est très actif, cela ne peut pas se produire sans qu’il y ait décroissement de son activité normale ; sans que sa conscience de l’état de veille, l’activité de ses sens dirigés vers le dehors, ne soit jusqu’à un certain point affaiblie. D’où je conclus qu’au moment d’une telle apparition, la conscience de l’état de veille doit cependant être comme voilée d’une gaze légère, qui lui communique un léger caractère de rêve. On comprendrait