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Page:Schopenhauer - Mémoires sur les sciences occultes.djvu/276

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ESSAI SUR L’APPARITION DES ESPRITS

mourir, s’imaginent être deux dans leur lit : « Comment cela va-t-il ? » demandait un médecin à un malade à toute extrémité. « Mieux, depuis que nous sommes deux dans le lit, » fut la réponse ; et le malade mourut aussitôt après. — Une apparition d’esprit, de la sorte de celle que nous avons dite, se trouve donc avoir un rapport réel à l’état antérieur de la personne, qui apparaît, mais non pas à son état présent. Cette dernière n’a, en effet, aucune part active à l’apparition : on ne saurait donc, par suite, conclure de là à la persistance de son existence individuelle. Avec cette explication s’accorde tout à fait le fait que les défunts, qui apparaissent ainsi, sont d’ordinaire vus avec les habits et l’accoutrement, qui leur étaient habituels ; comme aussi ce fait que l’assassin paraît avec sa victime, le cheval avec le cavalier, etc. Il faut vraisemblablement faire figurer, parmi les visions de cette sorte, les spectres vus par la voyante de Prévorst. Quant aux conversations qu’elle tenait avec eux, il faut les considérer comme l’œuvre de sa propre imagination, qui animait cette procession de personnages muets (dumb shew) et en donnait l’explication qu’elle pouvait. L’homme est naturellement porté à expliquer d’une