Page:Schopenhauer - Mémoires sur les sciences occultes.djvu/294

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
259
ESSAI SUR L’APPARITION DES ESPRITS

En dehors de cette conviction, on ne voit pas, en effet, pourquoi un être qui existe encore quelque part, ne devrait même pas se manifester et pourquoi pas agir sur un autre être, quoique se trouvant dans de tout autres conditions que ce dernier. Par suite Lucien fait preuve d’autant de logique que de naïveté lorsque, après avoir raconté comment Démocrite ne s’était laissé faussement émouvoir, à aucun moment, à une machination d’apparition d’esprit arrangée tout exprès pour l’effrayer, il ajoute : ούτω βεϐαιως επιστευε, μηδὲν ειναι φυχας ετι, ε ξω γενομενας των σωματων : (adèo persuasum habebat, nihil adhuc esse animas a corpore separatas). Philops. 32. — Si, au contraire, il y a en l’homme, en dehors de la matière, quelque chose d’indestructible qui survive à la mort, on ne voit pas, tout au moins a priori, que ce principe, auquel on doit le phénomène merveilleux de la vie, la vie terminée, doive être tout à fait incapable d’action sur ceux qui vivent encore. Ce ne serait seulement qu’a posteriori, par l’expérience, qu’on pourrait décider la chose. Mais cela est d’autant plus difficile que, abstraction faite d’erreurs volontaires et involontaires des témoins, la vision réelle, où le défunt apparaît, peut bien appartenir à une des huit sortes