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MÉMOIRES SUR LES SCIENCES OCCULTES

I, cap. 3 et suiv. Les protestants se voyaient contraints, par le dilemme ci-dessus, à s’y prendre de toute manière pour maintenir l’existence du diable, pour cette simple raison qu’ils ne pouvaient se passer de lui pour expliquer ces apparitions d’esprits, qu’on ne pouvait pas nier. Aussi, encore au commencement du xviiie siècle, ceux qui nient le diable, sous le nom d’Ademonistæ, sont-ils l’objet de la même pieuse horreur (pius horror) que le sont, de nos jours, les Atheistæ. Et, en même temps, comme il est naturel, les spectres étaient tout aussitôt définis, par ex : dans le Schediasma polemicum, an dentur spectra, magi et sagae de C. F. Romani, Lipsiæ, 1703, comme des apparitiones et territiones Diaboli externae, quibus corpus, aut aliud quid in sensus incurrens sibi assumit, ut homines infestet. Peut-être tient-il à cela que les procès de sorcellerie, qui, comme on le sait, supposent des communications avec le diable, aient été beaucoup plus fréquents chez les protestants que les catholiques. — Cependant, abstraction faite de ces vues mythologiques, je disais plus haut qu’on ne peut rejeter a priori la possibilité de l’apparition réelle des défunts qu’en se fondant sur la conviction que, par la mort, l’homme tombe tout à fait dans le néant.