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MÉMOIRES SUR LES SCIENCES OCCULTES

pour nous, puisque elles se ramènent à de simples hallucinations ; ce sont les suivantes. La perplexité où nous sommes, quand nous considérons ces phénomènes de vision et d’apparition des esprits, vient proprement de ce que, quand il s’agit de ces perceptions, la distinction du sujet et de l’objet, cette première condition de toute connaissance, est justement douteuse, pas claire, très confuse. Est-ce en dehors de moi ou en moi ? se demande — comme Macbeth à la vue du poignard qui plane devant lui — tout homme auquel une vision de cette sorte n’enlève pas son sang-froid. Un individu est-il seul à avoir vu un spectre, on veut que ce soit là quelque chose de simplement subjectif, quelque objectif que cela puisse être. Sont-ils, au contraire, deux ou plusieurs à avoir vu, à voir ou à entendre ? aussitôt on attribue à la vision la réalité d’un corps ; parce que, en effet, empiriquement, nous ne connaissons qu’une cause unique qui puisse contraindre plusieurs hommes à avoir en même temps la même représentation visuelle ; et cette cause, c’est qu’un seul et même corps, réfléchissant en tous sens la lumière, affecte leurs yeux à tous. Seulement en dehors de cette cause d’ordre très mécanique, il pourrait bien y avoir encore