Page:Schopenhauer - Mémoires sur les sciences occultes.djvu/315

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
280
MÉMOIRES SUR LES SCIENCES OCCULTES

élaborée par ce dernier de la façon qui lui est propre. Elle doit, c’est-à-dire, provoquer en lui des visions tout à fait identiques à celles qui naissent de l’excitation extérieure des sens, donc des images situées dans l’espace à trois dimensions et se mouvant dans le temps conformément à la loi de Causalité, etc.… Les unes et les autres sont, en effet, des produits de la fonction intuitive du cerveau, et le cerveau ne peut jamais parler que sa propre langue. En attendant, une action de cette sorte porte toujours en soi le caractère, l’empreinte de son origine, donc de ce d’où elle est sortie et l’imprime conséquemment à la forme qu’elle provoque après un si long détour dans le cerveau, si différente que puisse être de cette dernière son essence intime. Supposons, par exemple, qu’un mourant, par sa grande vivacité de regret ou tout autre intention de volonté, agisse sur une personne éloignée ; si cette action est très énergique, son image naîtra dans le cerveau de l’autre, c’est-à-dire lui apparaîtra tout comme un corps existant réellement. Mais, manifestement, une action de cette sorte, se produisant par l’intérieur de l’organisme sur un cerveau étranger, sera moindre si le cerveau sommeille que s’il est à l’état de veille ; parce