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ESSAI SUR L’APPARITION DES ESPRITS

que dans le premier cas ses fibres sont sans mouvement, dans le dernier cas elles ont déjà un mouvement opposé à celui qu’elles doivent alors avoir. Conséquemment, dans le sommeil, une action de la nature de celle dont nous parlons, se manifestant par les rêves, ne pourra être que plus faible ; dans l’état de veille au contraire elle pourra susciter des pensées, des sensations, des troubles, le tout cependant toujours conforme à son origine et portant cette empreinte. De là par exemple, parfois, un instinct, un penchant inexplicable, mais irrésistible de voir la personne d’où émane cette action : et aussi, tout au contraire, la possibilité d’écarter du seuil de notre maison, par le simple désir de ne pas la voir, la personne qui veut venir, même quand nous l’avons appelée et qu’elle a reçu de nous une invitation formelle (experto crede Ruperto). C’est sur cette action, dont la raison est l’identité de la chose en soi dans tous les phénomènes, que repose aussi la nature contagieuse, bien reconnue en fait, des visions, de la seconde vue et des apparitions d’esprits, dont l’effet a pratiquement le même résultat que celui qu’exerce un objet corporel sur les sens de plusieurs individus en même temps, et qui fait que, par suite, plusieurs