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Page:Schopenhauer - Mémoires sur les sciences occultes.djvu/317

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MÉMOIRES SUR LES SCIENCES OCCULTES

individus sont à voir au même moment la même chose, laquelle se trouve ainsi constituée tout à fait objectivement. Sur cette même action directe repose encore cette communication immédiate des pensées, souvent remarquée, et qui est si certaine que je conseillerai à celui qui a un secret important et redoutable à garder de ne jamais parler à la personne, qui ne doit pas le connaître, de l’affaire à laquelle il a trait. En parlant de cela, il aurait forcément présente à l’esprit la chose tout entière ; et cela suffirait pour que soudainement une lumière se fasse dans l’esprit de l’autre. Il se fait une communication de pensée que n’empêchent ni le silence ni la feinte. Gœthe raconte (dans les « Erlaüterungen zum W. O. Divan, » sous la rubrique Blumenwechsel) que deux couples d’amoureux faisant ensemble un voyage d’agrément se proposaient mutuellement des charades à deviner : « Mais bientôt non seulement chacun devinait la charade à peine proposée ; mais même le mot, que pensait l’autre couple et sur lequel roulait l’énigme, était aussitôt connu et exprimé par la divination la plus immédiate. » — Il y a de longues années ma belle hôtesse, à Milan, me demandait un soir à table quels étaient les trois