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MAGNÉTISME ANIMAL ET MAGIE

la façon de sentir, opposée à celle-ci, qui fait que presque tous les grands hommes, peu importe l’époque et le pays, ont montré une certaine dose de superstition. Si le mode de connaissance qui nous est naturel, était tel que nous fussions capables de percevoir immédiatement les choses en soi, conséquemment les rapports et les relations absolument vraies des choses, nous serions alors absolument autorisés à rejeter a priori et conséquemment d’une manière absolue, tout pressentiment de l’avenir, tout fait relatif à l’apparition d’absents ou de mourants, ou même d’individus morts. Mais si, comme le veut Kant, ce que nous connaissons ce sont de simples apparences, dont les formes et les lois ne s’étendent pas aux choses en soi, il est alors manifestement téméraire de rejeter ainsi ces faits ; puisque, pour cela, on ne s’appuie que sur des lois dont l’apriorité ne dépasse pas le monde des phénomènes et n’a absolument rien de commun avec les choses en soi, parmi lesquelles il faut compter notre propre moi intérieur. Justement ces choses en soi peuvent avoir avec nous des rapports dont pourraient procéder les faits en question, faits pour lesquels la décision a posteriori est seule recevable et qu’on ne saurait préjuger d’a-