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MÉMOIRES SUR LES SCIENCES OCCULTES

vance. Que des Anglais et des Français persistent obstinément à rejeter a priori de tels faits, la cause en est au fond qu’ils en restent essentiellement à la philosophie de Locke, d’après laquelle, abstraction faite de la sensation, ce sont les choses en soi qui nous sont connues. Les lois du monde matériel sont tenues pour des lois absolues alors, et rien d’autre que l’influxus physicus n’est admis. Ils croient donc à une physique, pas à une métaphysique et ils décrètent en conséquence qu’il n’existe rien d’autre que ce qu’ils appellent la Magie naturelle : une expression qui renferme la même contradictio in adjecto que l’expression « Physique surnaturelle » et qui cependant est employée sérieusement un nombre incalculable de fois ; tandis qu’au contraire cette dernière de « Physique surnaturelle » n’a été employée qu’une seule fois par manière de plaisanterie par Lichtenberg. Le peuple au contraire, avec sa crédulité innée pour toutes les influences surnaturelles en général, exprime à sa façon moins intellectuelle que sentimentale la conviction que ce que nous percevons et embrassons, ce sont de simples phénomènes, nullement des choses en soi. Que cela ne soit pas trop dire, nous pouvons le prouver par