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MÉMOIRES SUR LES SCIENCES OCCULTES

Quand on lit, sous le titre de Disputatio de quaestione quæ fuerit artium magicarum origo, M. rb. 1787, l’histoire de la magie de Tiedemann, un écrit couronné par la société de Göttingue, on s’étonne de l’obstination, qu’en dépit de tant d’échecs, l’humanité a mise, en tous temps et en tous lieux, à poursuivre l’idée de la magie ; et on conclura de là que cette idée doit avoir un fondement profond dans la nature de l’homme tout au moins, sinon dans la nature des choses, et que ce ne peut être nullement une lubie en l’air de son imagination. Quoique la définition de la magie se présente, chez les différents écrivains, tout à fait diverse, on ne saurait méconnaitre partout une même pensée fondamentale. À toutes les époques et dans tous les lieux on a nourri la croyance qu’en dehors de la manière normale dont les changements se produisent dans le monde par le moyen des relations causales des corps entre eux, il doit y en avoir une autre tout à fait différente, ne reposant nullement sur ces relations causales. Les moyens employés dans cette dernière paraissaient donc manifestement absurdes, envisagés du point de vue qui caractérise le premier mode d’action ; puisque la disproportion existante des causes en