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MÉMOIRES SUR LES SCIENCES OCCULTES

faire d’une chose simplement conçue par l’esprit une réalité, et cela non seulement en dedans de nous, mais au dehors » ; Vehementem imaginationem cui spiritus et sanguis obediunt, rem mente conceptam realiter efficere, non solum intra, sed et extra[1].

  1. Ibid., 440, on ajoute cette parole d’Avicenne : « Il suffit que quelqu’un le veuille fortement, pour que le chameau tombe » ; « ad validam alicujus imaginationem cadit camelus. »

    Ibid., p. 478. Vannini parle des aiguillettes qu’on noue, « ne quis cum muliere coeat » et il dit : en Allemagne, je me suis entretenu plusieurs fois avec de ces gens qu’on nomme vulgairement des nécromanciens qui m’ont avoué ingénuement qu’ils croient assez que ce qu’on raconte ordinairement des démons ce sont de pures fables, et que cependant ils obtiennent eux-mêmes des résultats, soit en agissant sur l’imagination par la vertu de certaines herbes, soit par la seule force naturelle de l’imagination et de la foi très grande qu’ils savent susciter par leurs incantations prétendues et ridicules dans l’âme de femmes ignorantes, auxquelles ils persuadent qu’à la condition de réciter très dévotement quelques petites prières, le charme opérera aussitôt. Toutes crédules, et du fond de l’âme, elles répètent alors ces incantations et il arrive ainsi qu’elles fascinent effectivement les gens du voisinage, non qu’il faille attribuer cela à la vertu des mots dits, ou des caractères tracés mais aux esprits (esprits vitaux et animaux) qu’elles émettent dans le but de réaliser le charme. Il arrive par là que les Nécromanciens eux-mêmes, quand il s’agit d’eux-mêmes, ou même d’autrui, et qu’ils sont à opérer seuls, n’accomplissent parfois rien de remarquable : « Ils manquent, en effet, de la foi, l’agent qui fait tout ; » — aliquid tamen ipsos operari, vel vi herbarum commovendo phantasiam, vel vi imaginationis et fidei vehementissimæ, quam ipsorum nugacissimis