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Page:Schopenhauer - Philosophie et philosophes (éd. Alcan), 1907.djvu/105

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Or les Universités sont manifestement le foyer où prend naissance et où se développe cette philosophie à intentions. Elles seules ont permis que les travaux de Kant, qui font époque dans le domaine philosophique, fussent écartés par les charlataneries d’un Fichte, écartées bien , , , , , ;, , tôt à leur tour par des gaillards de son espèce. Cela n’aurait jamais pu arriver avec un public vraiment philosophique, je veux dire un public qui ne recherche la philosophie que pour ellemême, sans autre intention — donc avec le public, d’ailleurs toujours très restreint, qui pense réellement et se préoccupe sérieusement de la nature énigmatique de notre existence. Les Universités seules, avec leur public d’étudiants qui acceptent crédulement tout ce qu’il plaît à M. le professeur de dire, ont rendu possible le scandale philosophique de ces cinquante dernières années. L’erreur fondamentale ici est que les Universités s’arrogent aussi, en matière de philosophie, le dernier mot et la voix prépondérante, qui appartiennent en tout cas aux trois facultés supérieures, chacune en son domaine. Que cependant en philosophie, comme science qui doit d’abord être trouvée, la chose se passe autrement, c’est ce dont on ne tient pas compte ; pas plus qu’on ne tient compte que sont octroyées les chaires de philosophie, contrairement aux autres, non d’après les aptitudes du candidat, mais surtout d’après, ses opinions. En conséquence, l’étudiant s’imagine que, de même que le professeur de théologie possède à fond sa dogmatique, le professeur de droit ses Pandectes, lu professeur de médecine sa pathologie, le proI csscur de métaphysique, nommé par décret de « Sa Majesté », doit posséder à fond celle-ci. Il se rend en conséquence à son cours avec une confiance enfantine, et comme il y trouve