les fils de la sultane, aucun autre à côté de lui. De plus, le jugement est ici extrêmement difficile, et l’obtention seule des faits nécessaires pour le constituer, pénible. Qu’on vienne ici, au moyen d’habiletés, faire valoir le faux et le prôner partout comme vrai, à grand renfort de voix de stentors appointés, et nous aurons ces résultats : l’esprit du temps est empoisonné, toutes les branches de la littérature se corrompent, tout essor intellectuel élevé s’arrête, et un obstacle de longue durée vient s’opposer au développement du bon et du vrai. Tels sont les fruits de la φιλοσοφία μισθοφόρος (philosophie salariée). Voyez, comme, preuve à l’appui, ce que, depuis Kant, on a fait de la philosophie, et ce qui est ainsi advenu d’elle. L’histoire réelle de la charlatanerie hégélienne, et la façon dont elle s’est répandue, suffira d’ailleurs à illustrer un jour au vif ce que je viens d’établir.
En conséquence, celui qui vise non à la philosophie d’État ni à la philosophie pour rire, mais à la connaissance et à la recherche à tout prix de la vérité, les cherchera partout ailleurs quee dans les Universités, ailleurs que là où leur sœur, la philosophie ad normam conventionis, gouverne la maison et dresse le menu. Oui, j’incline de plus en plus à l’avis qu’il vaudrait mieux, pour la phijlosophie, cesser d’dtre un métier et d’intervenir dans la vie bourgeoise, sous le patronage de professeurs. C’est une plante qui, telles la rose des Alpes et la double-cloche, ne prospère qu’à l’air libre des montagnes, et dépérit quand on la cultive artificiellement. Les représentants de la philosophie dans la vie bourgeoise ne la représentent le plus souvent que comme le comédien fait le roi. Les sophistes que Socrate attaqua sans se lasser, et que Platon prend pour cible de ses railleries, étaient-ils autre chose que des professeurs de philosophie