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Page:Schopenhauer - Sur la religion, 1906.djvu/104

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Astrakan, où se rencontrent les adeptes de toutes les religions ; et dans cent autres cas analogues. Voyez, par contre, la façon scélérate dont notre populace chrétienne se comporte envers les animaux. Elle les tue sans la moindre raison et en riant, ou les mutile, les martyrise ; et même ses aides immédiats, ses chevaux, elle les éreinte à l’extrême dans leur vieillesse, pour tirer la dernière moelle de leurs pauvres os, jusqu’à ce qu’ils succombent sous ses coups de fouet. On pourrait dire à juste titre les hommes sont les démons terrestres, et les animaux les âmes torturées par ceux-ci.

Ce sont les conséquences de la scène d’installation dans le jardin du paradis. On ne peut venir à bout de la populace que par la force ou par la religion ; mais, ici, le christianisme nous laisse honteusement en plan. J’ai appris de source certaine qu’un prédicateur protestant, prié par une société protectrice des animaux de s’élever en chaire contre les tortures infligées à ceux-ci, répondit que, malgré toute sa bonne volonté, cela lui était impossible, la religion ne lui offrant aucun point d’appui à cet égard. C’était un honnête homme qui proclamait la vérité. Un avis de la si estimable société protectrice des animaux de Munich, en date du 27 novembre 1852, s’efforce, dans les meilleures intentions, de tirer de la Bible les « prescriptions relatives à la protection des animaux », et se réfère à ces passages : Proverbes de Salomon, xii, 10 ; Sirach, vii, 24 ; Psaumes, cxlvii, 9 ; civ, 14 ; Job, xxxix, xli ; Matthieu, x, 29. Mais ces indications ne sont qu’une pia fraus, calculée dans l’espoir qu’on ne les vérifiera pas. Le premier passage seul, bien connu, dit quelque chose à ce sujet, quoique faiblement ; quant aux autres, ils parlent