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Page:Schopenhauer - Sur la religion, 1906.djvu/112

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le chien[1], que son système nerveux très développé rend en outre plus accessible à la douleur.

Les Sociétés protectrices d’animaux continuent à recourir, dans leurs exhortations, à ce mauvais argument : la cruauté envers les animaux mène à la cruauté envers les hommes. Comme si l’homme seul était un objet immédiat de devoir moral, et l’animal seulement un objet médiat, une simple chose en soi ! Fi !


  1. Ce véritable et unique compagnon de l’homme, son plus fidèle ami, la plus noble conquête que celui-là ait jamais faite, comme dit Cuvier, avec cela un être si hautement intelligent et sensible, l’attacher du matin au soir à la chaîne comme un malfaiteur ! Il y éprouve le besoin constant et jamais satisfait de la liberté et du mouvement, sa vie est un long martyre, et cette cruauté finit par lui faire perdre ses qualités de chien ; il se transforme en un animal sauvage et infidèle, dépourvu d’affection, sans cesse tremblant et rampant devant l’homme-démon ! J’aimerais mieux être volé qu’avoir sous les yeux ce tableau de désolation dont je serais la cause. Il devrait être interdit de tenir les chiens à la chaîne, et la police devrait sur ce point aussi veiller aux lois de l’humanité. Les cages à oiseaux constituent également une cruauté honteuse et sotte.