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Page:Schopenhauer - Sur la religion, 1906.djvu/115

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ANCIEN ET NOUVEAU TESTAMENT


Le judaïsme a pour caractères fondamentaux le réalisme et l’optimisme, qui sont étroitement apparentés et constituent en fait les conditions du théisme ; car celui-ci regarde le monde matériel comme absolument réel, et la vie comme un agréable présent qui nous est fait. Les caractères fondamentaux du brahmanisme et du bouddhisme, au contraire, sont l’idéalisme et le pessimisme : car ces religions n’accordent au monde qu’une existence qui tient du rêve, et considèrent la vie comme le résultat de nos péchés. Dans la doctrine du Zendavesta, d’où, on le sait, est sorti le judaïsme, l’élément pessimiste est représenté par Ahriman. Dans le judaïsme, celui-ci n’a plus qu’une situation subordonnée, en qualité de Satan ; mais Satan, comme Ahriman, est le créateur des serpents, des scorpions et de la vermine. Le judaïsme l’emploie à corriger son erreur fondamentale de l’optimisme, et introduit dans le cas du péché originel l’élément du pessimisme, doctrine réclamée par la plus évidente vérité. Il n’y a pas dans cette religion d’idée plus juste que celle-là, quoiqu’elle transporte dans le cours de l’existence ce qui devrait être représenté comme son fondement et son antécédent.

Ce qui confirme d’une façon frappante que Jéhovah