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Page:Schopenhauer - Sur la religion, 1906.djvu/116

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est Ormazd, c’est ce passage du livre d’Esdras (chap. vi), dans la traduction des Septante, passage omis par Luther : « Cyrus, le roi, fit bâtir la maison du Seigneur à Jérusalem, où on lui sacrifia par le feu perpétuel ». Le second livre des Macchabées (chap. i et ii, xiii, 8) prouve aussi que la religion des Juifs a été celle des Perses : on y raconte en effet que les Juifs menés en captivité à Babylone, sous la conduite de Néhémie, avaient au préalable caché le feu sacré dans une citerne desséchée, qu’il était parvenu au fond de l’eau, et s’était rallumé plus tard par miracle, à la grande édification du roi des Perses. Comme les Juifs, les Perses avaient l’horreur du culte des images, ce qui les empêchait de représenter leurs dieux. (Spiegel, dans ses travaux sur la religion zende, établit une étroite parenté entre celle-ci et le judaïsme, mais en prétendant qu’elle est sortie de ce dernier.) De même que Jéhovah est une transformation d’Ormazd, la transformation correspondante d’Ahriman est Satan, c’est-à-dire l’antagoniste, — et l’antagoniste d’Ormazd. (Luther traduit par « antagoniste » le « Satan » de la Bible des Septante.) Le culte de Jéhovah semble avoir pris naissance sous Josias, aidé en cela par Hilkias, c’est-à-dire avoir été accepté par les Perses et avoir été définitivement établi par Esdras au retour de la captivité de Babylone. Il est manifeste que, jusqu’à Josias et Hilkias, la religion naturelle, le sabaïsme, l’adoration de Bélus, d’Astarté, etc., ont régné en Judée même sous Salomon. (Voir les livres des Rois au sujet de Josias et d’Hilkias[1].) Remarquons ici, pour confirmer l’origine

  1. Les Juifs, qui avaient adoré jusque-là Baal, Astarté, Mo-