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Page:Schopenhauer - Sur la religion, 1906.djvu/130

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RATIONALISME


Le point central et le cœur du christianisme sont les doctrines de la chute, du péché originel, de l’impureté de notre état naturel et de la corruption de l’être humain, associées à celles de la représentation et de la réconciliation par le Sauveur, auxquelles on participe par la foi en lui. Par cela, le christianisme fait preuve de pessimisme. Il est donc en opposition complète avec l’optimisme du judaïsme comme avec le fils authentique de celui-ci, l’islamisme, et apparenté au contraire avec le brahmanisme et le bouddhisme. De ce qu’en Adam tous ont péché et sont condamnés, de ce que dans le Sauveur, au contraire, tous sont rachetés, cela veut dire aussi que l’essence propre et la véritable racine de l’homme ne se trouvent pas dans l’individu, mais dans l’espècc. Celle-ci est l’idée (platonique) de l’être humain, et son phénomène séparé dans le temps, ce sont les individus.

La différence fondamentale des religions, c’est qu’elles sont optimistes ou pessimistes, et nullement qu’elles portent ces noms : monothéisme, polythéisme, trimourti, trinité, panthéisme, athéisme (comme le bouddhisme). Aussi l’Ancien Testament et le Nouveau Testament sont-ils diamétralement opposés l’un à l’autre,