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Page:Schopenhauer - Sur la religion, 1906.djvu/148

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QUELQUES MOTS SUR LE PANTHÉISME


On pourrait illustrer sous forme allégorique et dramatique la controverse qui s’est élevée de nos jours entre les professeurs de philosophie au sujet du théisme et du panthéisme, par un dialogue qui eut lieu au parterre d’un théâtre de Milan pendant la représentation. L’un des interlocuteurs, convaincu qu’il se trouve dans le grand et célèbre Théâtre de marionnettes de Girolamo, admire l’art avec lequel le directeur a arrangé les marionnettes et dirige le jeu. L’autre dit au contraire : « Mais nullement ! Nous sommes au théâtre de la Scala, le directeur et sa troupe jouent eux-mêmes, et sont cachés dans les personnes que nous avons devant nous ; le poète joue aussi. »

Il est amusant de voir de quelle façon les professeurs de philosophie coquettent avec le panthéisme comme avec un fruit défendu qu’ils n’ont pas le courage de saisir. J’ai déjà décrit leur attitude sous ce rapport dans mon essai sur La philosophie universitaire, qui nous a rappelé le tisseur Bottom dans le Songe d’une nuit d’été de Shakespeare. Ah ! c’est un morceau de pain amer, que le pain des professeurs de philosophie ! D’abord on doit danser au son de la flûte de son ministre, et quand on l’a fait avec toute la grâce pos-