Aller au contenu

Page:Schopenhauer - Sur la religion, 1906.djvu/152

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

(d’après le texte rétabli, Stuttgart, 1851) : « Donc l’esprit du mal et la nature sont un, et là où la nature n’est pas domptée, l’esprit malin n’est pas dompté non plus. »

Ces panthéistes donnent au sansara le nom de Dieu. Les mystiques, de leur côté, donnent ce même nom au nirvana. Ils en racontent cependant plus sur celui-ci qu’ils ne peuvent en savoir, ce que les bouddhistes ne font pas ; et de là leur nirvana n’est qu’un néant relatif. Re intellecta, in verbis simus faciles[1]. La synagogue, l’Église catholique et l’islamisme emploient le mot « Dieu » dans son sens propre et exact.

L’expression qu’on entend souvent de nos jours : « Le monde est sa propre fin », ne permet pas de décider si l’on explique celui-ci par le panthéisme ou par le pur fatalisme ; elle ne lui accorde en tout cas qu’une signification physique, et non morale. Cette dernière le présenterait, en effet, comme un moyen en vue d’une fin plus haute. Mais cette idée que le monde n’a qu’une signification physique, et non morale, est la plus lamentable erreur qu’ait jamais engendrée la perversité de l’esprit humain.


    ment pour la première fois cette œuvre célèbre. Elle est en un accord merveilleux avec ma philosophie… Lisez-la donc. » Il revient quelques années plus tard sur ce sujet, avec d’intéressants détails sur le livre et sur son auteur supposé, dans une conversation avec le studiosus (étudiant) Karl Bähr. « Le petit livre, dit-il, a fait sur moi une profonde impression. » (Schopenhauer’s Gespräche und Selbstgespräche, publiés par Édouard Grisebach.) L’édition de 1851 est due à Franz Pfeiffer. Il en existe une traduction anglaise de Susanna Winkworth (Londres, 1874). L’éditeur Eugène Diederichs, de Iéna, en annonce en ce moment même une réimpression d’après les sources, par Herman Büttner. (Le trad.)

  1. « La chose une fois comprise, soyons coulants sur les mots. »