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PRÉFACE DU TRADUCTEUR


Les Parerga et Paralipomena, avons-nous dit dans le volume précédent, le premier de la série, — sont une vaste forêt d’idées aux sentiers les plus diversifiés. C’est ainsi que, après nous être promenés à travers « les écrivains et le style », nous mettons aujourd’hui le pied sur le terrain religieux.

L’avenue qui s’ouvre devant nous offre des points de vue intéressants et une large perspective. La philosophie de la religion de Schopenhauer forme corps étroit, on pourrait dire inséparable, avec sa philosophie de l’art et sa philosophie de la morale. Toutes trois représentent le même violent effort de son esprit pour triompher de l’imperfection du fini et de la limitation de la volonté et de l’intellect dans les bornes rigoureuses assignées à celui-là, par le moyen de l’illusion, qui est le fond constitutif et l’essence même de la nature humaine. Il serait difficile de dire lequel de ces trois facteurs, art, morale, religion, est le plus important aux yeux de notre philosophe. La religion est, pour lui, la tentative désespérée de l’esprit humain en vue de se réconcilier avec les contingences terrestres et avec la constatation trop évidente, hélas ! que ni l’idéal de beauté ni l’idéal de bonté ne trouvent leur réalisation complète, il s’en faut même de beaucoup, dans le monde d’ici-bas. À l’instar de Gœthe, Schopenhauer envisage avant tout la religion sous le rapport extérieur, exotérique, comme un intéressant problème proposé à la spéculation intellectuelle. Il la range, avons-nous dit, sur la même ligne que l’art et la morale, et il lui attribue la même égalité de rôle qu’à ceux-ci. Celui dont la raison,