Aller au contenu

Page:Schopenhauer - Sur la religion, 1906.djvu/176

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

AFFIRMATION ET NÉGATION
DE LA VOLONTÉ DE VIVRE


On peut comprendre jusqu’à un certain point a priori, ou, pour mieux dire, il va de soi que ce qui maintenant produit le phénomène du monde, doit être capable aussi de ne pas le produire, par conséquent de rester en repos, — ou, en d’autres termes, que la διαστολή présente doit avoir aussi une συστολή. Si la première est le phénomène de la volonté de vivre, la seconde sera le phénomène de la volonté de ne pas vivre. Cette dernière volonté sera au fond la même que celle du magnum Sakhepat de la doctrine des Vėdas (dans l’Oupnekat, t. I, p. 163), du nirvana des bouddhistes, et de l’ἐπέκεινα des néo-platoniciens.

Je fais observer, à l’égard de certaines objections niaises, que la négation de la volonté de vivre n’implique nullement la destruction d’une substance, mais purement l’acte de la non-volonté : ce qui jusqu’ici a voulu, ne veut plus. Ne connaissant comme chose en soi cette essence, la volonté, que dans l’acte et par l’acte de vouloir, nous sommes incapables de dire ou de comprendre ce qu’elle est ou ce qu’elle fait, après avoir renoncé à cet acte. En conséquence, pour nous qui sommes le phéno-