Aller au contenu

Page:Schopenhauer - Sur la religion, 1906.djvu/177

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mène du vouloir, la négation est un passage dans le néant.

L’affirmation et la négation de la volonté de vivre sont un simple velle et nolle. Le sujet de ces deux actes est un et le même, et par conséquent ne sera détruit ni par l’un ni par l’autre. Son velle se produit dans ce monde palpable qui, pour cette raison même, est le phénomène de sa chose en soi. Du nolle, au contraire, nous ne connaissons pas d’autre phénomène que celui de son apparition, et seulement chez l’individu, qui appartient déjà originairement au phénomène du velle. De là nous voyons, tant que l’individu existe, le nolle toujours en lutte avec le velle. L’individu a-t-il fini d’exister, et le nolle l’a-t-il emporté chez lui, c’est que cet individu a été une pure manifestation du nolle. (C’est la signification de la canonisation des saints par le pape.) Nous pouvons seulement dire de ce dernier que son phénomène ne peut pas être celui du velle, mais nous ne savons pas s’il apparaît, c’est-à-dire s’il reçoit une existence secondaire pour un intellect qu’il aurait d’abord à produire ; et comme nous ne connaissons l’intellect qu’en tant qu’organe de la volonté dans son affirmation, nous ne voyons pas pourquoi, celle-ci supprimée, il devrait le produire. Nous ne pouvons rien dire non plus du sujet de celui-là, vu que nous ne le reconnaissons positivement que dans l’acte opposé, le velle, comme la chose en soi de son monde phénoménal.

Entre l’éthique des Grecs et celle des Indous, il y a une grande différence. Celle-là (à l’exception de Platon) a pour but de faciliter une vie heureuse : vitam