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Page:Schopenhauer - Sur la religion, 1906.djvu/183

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de plus la lumière de la connaissance ». Grâce à celle-ci, elle pourra retrouver sa route, ce qui ouvre de nouveau le champ à la possibilité de l’affranchissement.

Par là s’explique ce phénomène significatif que, tandis que chaque femme, surprise dans l’acte de la génération, s’évanouirait de honte, elle étale au contraire sa grossesse sans en rougir le moins du monde, et même avec une sorte d’orgueil. De même qu’en toute circonstance un signe infailliblement certain est regardé comme équivalent à la chose signifiée, ici, tout signe du coït accompli humilie au plus haut degré la femme, sauf une exception, la grossesse. Cela s’explique par le fait que la grossesse, comme il a été dit plus haut, amène ou tout au moins laisse espérer en un certain sens l’effacement de la faute contractée par le coït. D’où il résulte que celui-ci supporte toute la honte de l’affaire, tandis que la grossesse, qui lui est apparentée de si près, reste pure et innocente, et même jusqu’à un certain point honorable.

Le coït est principalement l’affaire de l’homme ; la grossesse uniquement celle de la femme. Du père, l’enfant reçoit la volonté, le caractère ; de la mère, l’intellect. Celui-ci est le principe qui affranchit ; la volonté, le principe qui lie. Le symbole de l’existence constante de la volonté de vivre dans le temps, en dépit de tout accroissement de lumière par l’intellect, est le coït ; le symbole de la lumière de l’intellect alliée de nouveau à cette volonté, offrant la possibilité de l’affranchissement, et au plus haut degré de clarté, c’est la naissance renouvelée de la volonté sous forme d’être humain. Le signe de cette naissance est la grossesse, qui s’avance