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Page:Schopenhauer - Sur la religion, 1906.djvu/29

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qui surgirait. » Et après avoir indiqué, vers la fin de son livre, la parenté morale de notre philosophe avec Richard Wagner, Tolstoï et Nietzsche, et marqué son influence sur ces grands esprits, l’auteur ajoute : « Je vais moins loin que Wagner au sujet de Schopenhauer, et suis plus modestement d’avis que celui-ci appartient aux esprits qui garderont, il faut le souhaiter et l’espérer, une importance hors ligne aussi pour la culture postérieure. Et il faut également souhaiter et espérer qu’il exercera sur les générations futures le rôle que voici : il détruira les croyances erronées commodes et lâches, mettra fin aux mensonges chatoyants de l’existence, éveillera à l’aspiration des grandes choses, rappellera le côté éternel mystérieux qui se trouve dans l’homme. »

M. Hans Richert[1], d’autre part, arrive à cette conclusion qui, quoique très personnelle, n’est guère que le développement de la précédente : « Lorsque, dit-il, on a écouté Schopenhauer jusqu’au bout, il est impossible de l’oublier. Nous ne dirons pas, avec Richard Wagner, que, « dans l’état actuel de notre développement, on ne peut recommander autre chose que la philosophie schopenhauérienne, comme fondement de toute culture intellectuelle et morale » ; mais nous sommes convaincu que non seulement le philosophe a imprimé sous forme durable un cachet de vérité éternelle aux détails de sa doctrine ; que non seulement il reflète d’une façon caractéristique une époque importante au point de vue de la culture ; que non seulement enfin il a dominé la pensée philosophique des dernières périodes de temps écoulées et a laissé sur toute une époque la marque impérissable de sa nature d’esprit ; — il est en outre pour nous l’empreinte classique d’un grand type humain, il a exposé avec le plus de clarté beaucoup de côtés de notre vie et les a jugés avec le plus de profondeur. Il se tient devant nous comme un sévère directeur de conscience et un prédicateur qui exhorte à la pénitence. Il nous avertit, quand, au sein de la joie mondaine et de l’optimisme, nous devenons légers et superficiels, ou

  1. Schopenhauer : seine Persönlichkeit, seine Lehre, seine Bedeutung, 1905, Leipzig, pp. 115-116.