elle me causait un chatouillement vigoureux et indiciblement
doux. Quelque chose de merveilleux et d’inconnu
se pressait en moi. Toute ma sève allait se mettre
en mouvement et je sentais que, malgré ma jeunesse,
j’avais droit aux plus hauts ravissements.
Je voulais lui rendre centuplé tout ce qu’elle me procurait.
C’est avec rage que je la caressais, ainsi
qu’elle-même me faisait. Enfin, ma main fut prise de
fourmillements, à cause de la fausse position que j’avais
adoptée à côté d’elle. Nous étions hors de nous
et nous arrivâmes ensemble au but. Je sentis un dernier
baiser mordre presque ma bouche, tandis que
je la mordais également. Je perdis connaissance. Je
m’abattis sur la jeune femme frissonnante. Je ne savais
plus ce qui m’arrivait.
Quand je revins à moi, j’étais couchée auprès de Marguerite. Elle avait remonté la couverture et me tenait tendrement embrassée. Je compris tout à coup que j’avais fait quelque chose de défendu. Mon désir et mon feu s’étaient éteints. Mes membres étaient brisés. Je ressentais une violente démangeaison aux endroits que Marguerite avait si fertilement caressés ; Je baume de ses baisers ne pouvait pas calmer ma tristesse. J’eus conscience d’avoir commis un crime et j’éclatai en sanglots. Marguerite savait que dans des cas semblables il n’y a rien à faire avec des petites niaises comme moi, elle me tenait contre sa poitrine et me laissa tranquillement pleurer. Enfin, je m’endormis.
Cette nuit unique décida de toute ma vie. Mon