mot, il était trop étonné. Il était prêt à tout, pourvu
qu’elle se tût, car si sa liaison avec la baronne était
ébruitée, les deux familles étaient exposées à de
grands dangers. Elle lui communiqua son plan entier
et exigea qu’il l’accomplit avant le départ de la
baronne qui devait s’effectuer le matin même. Étonné
de la perspicacité de cette jeune fille et heureux de
voir ses plaisirs se compliquer d’une aussi agréable
façon, le comte acquiesça à tout. Et quand Marguerite
lui laissa pleine liberté, il fut encore plus
étonné de la trouver intacte. Il ne pouvait souhaiter
une plus aimable camarade à ses yeux. Il voulut
même lui prouver sur-le-champ son enthousiasme,
mais Marguerite se débattit énergiquement, si bien
que sa passion n’en devint que plus vive. Il ne pouvait
attendre le moment d’exécuter leur plan. Marguerite
avait goûté assez de choses en cette unique visite
pour ne pas accorder la possession entière d’un aussi
charmant jeune homme à la seule baronne. Ils
fixèrent encore tous les détails de tout ce qui devait se
passer une heure plus tard. Marguerite accorda au
beau comte nombre de choses charmantes, sauf ce qu’il
désirait le plus ; elle quitta la chambre en le laissant
tout en feu. La baronne sonna à sept heures, ouvrit sa
porte et se recoucha. Marguerite mit tout en ordre,
prépara les bagages et servit enfin le déjeuner. Tout
était prêt. Le comte attendait dans sa chambre le
signal convenu. Marguerite passa enfin dans le salon,
en claquant la porte. C’était le signal. Le comte
ouvrit sa porte, repoussa l’armoire et se précipita
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